Bonjour à tous,
Voici la dernière partie de l’interview de deux entrepreneurs québécois que j’ai eu la chance de rencontrer lors de mes études au Québec. (Vous pouvez retrouver la première patie et la deuxième partie de cette interview).
Il s’agit de Jonathan Jubinville et de David King-Ruel qui ont fondé le cabinet Efficience en design d’affaires (ils ont tous les deux fait les mêmes études que moi il y a 2 ans 😉 ).
Ça parlera beaucoup entrepreneuriat et développement durable 🙂
Bonne lecture à tous et merci encore à David et Jonathan pour l’interview.
Pourquoi entreprendre : Pouvez-vous parler des projets que vous avez créés et que vous proposez par des partenariats par la suite ?
David : Aujourd’hui notre plus gros projet est celui des resto-vert. http://www.efficience.ca/restovert.html
Il s’agit d’une création de certification environnementale pour les restaurants au Québec. Comment faire une certification qui représente ce que l’on souhaite vraiment. C’est un gros projet de design d’affaire.
Ensuite il y a le projet de panneaux créatifs que l’on pousse auprès du ministère des transports québécois. C’est une idée qui fait sens et qui porte du sens.
Jonathan : Nos projets émanent d’une vision de ce que pourrait être un avenir durable. Ce sens vient en creusant une idée. Puis d’autres personnes apportent des compléments.
David : Grâce à la pensée systémique, nous avons un porte feuille d’effets de ces projets là. Par exemple pour le projet panneaux créatifs, il y a des effets systémiques sur :
– Le tourisme (original)
– Les routes
– La sécurité
– L’image du ministère des transports (démarche plus créative)
– L’image d’Efficience (projet visionnaire)
– …
On cherche les partenaires de ces projets par rapport à tout cela. Tout le monde y trouve son intérêt en connectant tout.
Jonathan : Un autre projet c’est le projet café / patinoire. Au Québec on a une relation d’amour/haine avec notre hiver. Les gens sont à l’intérieur l’hiver alors que pour d’autres pays nordiques, comme la Finlande, c’est différent. Ils vivent leur hiver à l’extérieur.
Le concept est assez simple. Il s’agirait d’un café sur la patinoire du parc Lafontaine à Montréal. On vise surtout à démontrer qu’il est possible, non seulement de faire des activités à l’extérieur, mais d’y vivre et d’y avoir des services. On souhaite seulement que les Québécois se réapproprient leur hiver. Cela aura des effets sur :
– Le tourisme
– La vie de famille
– Le tissu social
– La santé
– La fréquentation du parc
– Le développement économique
– Tout en démontrant qu’il est possible de vivre dehors l’hiver
David : Montréal n’est pas une ville 4 saisons. La ville est en hibernation en hiver, ce n’est pas la même ville. C’est un projet qui a un sens derrière, qui n’a pas d’objectif de profitabilité.
Jonathan : On ne mise pas non plus sur une spécialisation sectorielle en développant des connaissances techniques. On mise sur des projets qui ont du sens, une vision, pour arriver à faire une différence.
David : Nous ne sommes pas plus créatifs que les autres, mais on ose, on a le courage de faire ce que l’on souhaite. On reste le moins spécialisé possible pour rester le plus ouvert possible.
Pourquoi entreprendre : Ça fait combien de temps qu’Efficience existe ?
Jonathan : Cela fait un peu plus d’un an et demi maintenant.
Efficience n’est pas encore rentable au sens traditionnel du terme. Nous avons surtout misé sur le développement de nos projets, sur la complexification de notre veille et sur la construction de notre réseau. À court terme, nous avons surtout le projet resto vert qui nous apporte déjà une bonne reconnaissance. Il ne manque vraiment pas grand-chose pour que ça décolle.
David : Pour nous c’est une première année d’investissement. Et pour moi Efficience est déjà rentable car avoir ton entreprise te donne une grande qualité de vie. Tu travailles dans ce que tu aimes et ça a une valeur incroyable. D’un point de vue intangible, Efficience est déjà très rentable. Par la suite, on ne souhaite pas devenir millionnaires mais on aimerait pouvoir vivre de notre société correctement.
Jonathan : Si notre entreprise est bénéfique pour nous et pour la société, Efficience est donc déjà un succès. Efficience n’est pas vouée a avoir du succès dans le paradigme actuel mais dans le paradigme émergent. C’est l’avantage et l’inconvénient d’être en avant de son temps.
Pourquoi entreprendre : Pourquoi créer son entreprise sans expérience au préalable ?
David : Je suis un entrepreneur né. J’ai besoin de ma liberté de penser, je ne peux pas travailler pour quelqu’un d’autre. J’ai besoin de ma liberté. Au fur et à mesure, on va avoir des offres pour aller travailler pour d’autres entreprises. Cela dépend de ce que vous recherchez, moi je ne recherche pas un salaire.
Jonathan : Je ne savais pas que j’allais spécifiquement devenir entrepreneur mais je savais que je voulais être en position décisionnelle. Je voulais pouvoir avoir un impact sur la société. Aujourd’hui j’ai un impact mais différemment de ce que j’imaginais. C’est une expérience très valorisante.
David : Efficience n’est pas la réalisation d’un projet, ça n’a jamais été prévu. A la base on n’avait pas de statistiques. On s’est dit qu’on allait essayer et si ça ne marche pas on fera autre chose.
Jonathan : Efficience n’a pas eu de coûts de démarrage. Le seul coût c’est notre temps de recherche et de travail. On a essayé de se faire financer mais notre modèle ne correspondait à aucun critère des organismes pourvoyeurs. Notre projet ne correspondait à aucun autre projet fait auparavant.
David : Notre modèle est un risque que nous avons pris à 100 %, et on espère qu’on arrivera à prouver que ça marche.
Pourquoi entreprendre : Comment chiffrez-vous vos projets ?
Jonathan : C’est du cas par cas. On fait des recherches, on trouve les partenaires, on trouve une structure adaptée et on élabore le modèle financier en fonction de tout ça. Il aurait fallu une entreprise par projet mais ce n’est pas le cas, d’où la problématique de financement.
Le projet resto vert est chiffré sur une base d’honoraires alors que le projet panneaux orignaux éventuellement sur la valeur ajoutée sur chaque panneau. Peu importe la méthode de calcul, on charge au projet et pas à l’heure.
On pourrait également opter pour une rémunération à la carte selon la nature des mandats de consultation.
Pourquoi entreprendre : Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes diplômés qui aimeraient faire comme vous ?
Jonathan : Soyez patients et forts car les résistances viennent de partout. On peut facilement être ébranlé.
Il faut cultiver un réseau, une ouverture d’esprit et un esprit critique pour faire évoluer son système. Il faut que ce réseau soit sincère, pas seulement utilitariste, mais animé par réel plaisir à entretenir des relations. Aujourd’hui nos connaissances sont des amis, ce sont des liens de long terme.
Il faut également rester curieux et en apprentissage continuel sur tout ce qui est innovant, créatif. Nous faisons 2 h de lecture par jour sur la veille, le DD, les systèmes complexes, etc. Cela nous développe intellectuellement et nous stimule.
Il faut avoir confiance en soi, en ses principes et se donner le droit à l’erreur. Il faut également être passionné et être humain avant tout. Enfin, il n’y a pas de recette à succès (malgré ce que certains prétendent) et il ne faut pas avoir peur de faire autre chose si ça ne marche pas.
En espérant que vous avez appris plein de choses 🙂
2 réponses sur « Interview des entrepreneurs fondateurs du cabinet de conseil en design d’affaires Efficience au Québec (3) »
Intéresssant ce retour d’expérience d’outre atlantique !