Etant diplômé en développement durable, je suis très sensible à ces questions. C’est pourquoi, avec des amis, nous avons créé un blog dédié à ce vaste sujet : LeDevDurable.com. Un des premiers articles postés portait sur le secteur automobile en pleine mutation. D’où ma réflexion aujourd’hui sur le secteur automobile, avec un point de vue entrepreneurial et les innovations de ce secteur.
L’automobile fait face à de grands enjeux :
– des enjeux économiques avec une grande crise qui n’est pas tout à fait terminée (General Motors, ancien numéro 1 mondial a failli disparaitre rappelez-vous 😉 )
– des enjeux environnementaux (le secteur automobile est un des secteurs les plus polluants)
– des enjeux énergétiques (par rapport au pétrole)
Ces enjeux font que ce secteur est en totale mutation. Des crises apparaissent, perturbant toutes les couches de ce marché. Mais c’est également une aubaine pour certains entrepreneurs ou certains secteurs pour émerger : à chaque crise, une opportunité (ou plusieurs d’ailleurs).
Voici quelques secteurs montants et innovants en réaction à ces enjeux et ces opportunités.
Les véhicules électriques en réponse à l’enjeu énergétique
Les moyens de transport routiers aujourd’hui sont totalement dépendants d’une seule énergie fossile : le pétrole. Le pétrole étant une ressource épuisable, il est primordial de trouver une porte de sortie, car le jour où il y en aura plus, on ne pourra plus se déplacer (et encore ce n’est pas le pire, car tout est fait à base de pétrole aujourd’hui).
En réponse à cet enjeu, des constructeurs ont développé des véhicules hybrides (Toyota, Honda,…) avec des moteurs fonctionnant à l’électricité dans les milieux urbains, à l’essence (et donc au pétrole) pour des distances plus longues avec une vitesse de croisière plus importante.
D’autres constructeurs anticipent et développent des véhicules fonctionnant sans pétrole, mais uniquement à l’électricité : les voitures électriques. Renault devrait très prochainement commercialiser ses nouveaux produits électriques.
Les voitures électriques constituent un nouveau marché. Mais plus que de la vente de voitures neuves, c’est tout le système qui va évoluer. Les stations essence devront délivrer des batteries pour ravitailler ces véhicules, les garagistes s’adapteront pour entretenir non seulement la voiture d’occasion (automobile.fr), mais aussi les nouvelles voitures électriques (dont la mécanique et les composants seront radicalement différents). Ce futur nouveau secteur créera de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs liés au secteur automobile traditionnel.
Mais il faut se dire que même si l’on change d’énergie, on ne pourra pas se déplacer comme on l’a toujours fait. Les véhicules électriques n’ont pas la même autonomie que les véhicules traditionnels. Une Renault Zéo neuve peut par exemple faire 160 km avec une batterie pleine, alors qu’une peugeot 206 occasion ou une fiat bravo occasion ont une autonomie plus proche de 700 km… Ce ne sont pas les mêmes distances, il faut donc envisager les déplacements autrement.
L’autopartage : se déplacer plutôt que de posséder
C’est la finalité de la voiture qui est remise en question. Est-ce que le but c’est de se déplacer, ou de posséder sa voiture ? Actuellement, nous vivons plus dans le « posséder sa voiture ».
Or en changeant de vision des choses et en réfléchissant à sa manière de se déplacer plutôt qu’à la manière de posséder, de nombreuses possibilités s’offrent à nous. Par exemple, l’auto-partage. L’autopartage est un concept où l’on loue sa voiture (à l’heure ou au kilomètre) pour des déplacements ponctuels. Plusieurs familles ou personnes peuvent se partager une voiture et donc réduire les coûts ! Cette innovation se développe de plus en plus en France (j’ai pu rencontrer sur Paris des jeunes promouvant une entreprise anglo-saxonne qui vient de s’installer dans l’Hexagone qui aurait apparemment une croissance phénoménale). Voici une étude Xerfy en PDF à télécharger qui le confirme.
Le Velib’ à Paris (et d’autres systèmes similaires d’en d’autres villes françaises ou même dans d’autres pays) est une réponse à la problématique du transport urbain. Il permet de se déplacer sans posséder (un peu comme les transports en commun d’ailleurs).
Cette solution est très adaptée en ville, et pour les trajets urbains. C’est donc un des systèmes les plus pertinents pour tirer profit des véhicules électriques.
Voici donc comment certains entrepreneurs ou entreprises tire profit d’une crise ;-).
Le covoiturage pour optimiser ses trajets et réduire les coûts
Souvent, une personne seule utilise sa propre voiture. Or, il n’est pas du tout rentable de se déplacer seul en voiture, alors que l’on peut accueillir encore 5 autres personnes. Surtout avec de l’essence aussi cher ! En plus, beaucoup de personnes allant au travail notamment, se déplacent dans la même direction. Une personne par voiture, et vive les bouchons ! En utilisant une voiture pour 5 personnes dans cette situation, on réduit fortement le nombre de voitures sur les axes routiers, et donc moins de bouchons et moins de pollution.
C’est dans cet état d’esprit que le covoiturage est né. Lorsque j’étais au Québec, j’ai pu fortement profiter de ce système, notamment avec Amigo Express, qui me revenait moins cher pour me déplacer de Sherbrooke à Montréal. C’est vraiment un super système, car les détendeurs de voiture peuvent rentabiliser leur trajet en faisant participer les autres passagers aux frais d’essence. Les passagers eux payent moins cher leur déplacement, et en plus c’est plus convivial. Et enfin, l’entreprise a un solide business model ! Amigo Express prend une commission sur chaque réservation de véhicule, et vu le nombre d’intéressés (surtout dans le monde étudiant), il y a un gros potentiel.
Voici encore une nouvelle illustration pour tirer profit d’une crise, la transformer en opportunité et entreprendre dans ce sens.
Egalement un super reportage sur l’évolution de l’urbanisation de l’Amérique du Nord, et donc très fortement lié à l’automobile.
[vimeo id=”20649311″ width=”600″ height=”350″]
Vous pouvez d’ailleurs retrouver mon article sur les enjeux de l’urbanisation.
Je pense qu’il y a encore beaucoup d’autres solutions envisageables qu’on n’a pas encore développées.
Et vous, avez en tête d’autres solutions innovantes émergeantes pour répondre aux enjeux « transport » ?
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8 réponses sur « Entreprendre dans le secteur automobile en innovant »
Je crois beaucoup ans l’auto partage. Dans les zones densément peuplées en tout cas. Le concept va peut-être d’ailleurs être repris ailleurs. Et si on avait un aspirateur ou une machine à laver commun à plusieurs appartements ?
Merci pour ton commentaire ! Ta remarque est intéressante. On a toujours envie de posséder ses machines, alors qu’on pourrait limiter les coûts, se recentrer sur l’essentiel et recréer des liens sociaux en partageant. Le partage, c’est bénéfique à beaucoup de points de vue :
– au niveau individuel car, moins de stress pour le stockage de ce que l’on possède, et baisse des coûts
– au niveau organisationnel : car crée des liens plus solides entre les individus d’un regroupement social (entreprise, logements,…)
– au niveau social : car la société en elle même changera de mentalité, en ne se focalisant plus exclusivement sur la possession, mais sur l’utilité !
Bien joué pour l’article…Intéressant mais car il y a toujours un mais car un francais qui ne rale pas n’est un francais 🙂
Plus sérieusement lorsque tu parles de crise, je ne suis pas tout à fait d’accord. En effet il y a bien une crise, mais je vois aussi que certains connaissent la crise et pas d’autres. Quand tu parles de la quasi faillite de GM, je ne pense pas que l’on puisse mettre cela que sur le dos de la crise. Car dans ce cas comment expliquer que toyota se porte toujours bien. Ils ont aussi connu la crise mais pas dans les mêmes conditions que GM.
On retrouve la même chose un peu partout, on nous parle de la crise, mais certains ne connaissent pas la crise. Il suffit de regarder Apple et son ItuneStore alors qui progressent chaque jour alors que les majors crient au scandale du piratage car ils arrivent pas à vendre.
A un moment l’un a su s’adapter alors que les autres sont restés dans le déni.
Pour en revenir à nos joujoux à 4 roues, je trouve que le monde automobile et l’écologie est une vaste fumisterie. On nous parle de véhicules propres, qui consomment moins…Mais je n’ai jamais entendu personne parler de limiter ses déplacements ou de les penser autrement. C’est l’une des premières fois que je lis un article qui parle de changer sa vision des choses sur la voiture. Les gens ne font que se donner bonne conscience en allant acheter des toyota Prius. C’est peut être moins polluant mais pour aller au boulot à Paris ou aller faire ses 3 courses on peut aussi prendre ses pieds, le métro, le vélo. Ce que je dis aux gens, garder votre voiture polluante et faites les ¾ de vos déplacements en vélo. Vous serez moins gros, en meilleure santé, et vous polluerez 100 fois moins.
On va me sortir que tout le monde ne peut pas aller au travail en transport. C’est vrai mais une grosse partie pourrait limiter ses déplacements en voiture. Quand je vois tous ces c… en voiture à Paris dans les embouteillages, je me dis mais quelle vie de m…e. Juste pour garder leur petit confort ils sont prêts a passer 30 minutes pour trouver une place de parking et 30 min dans les bouchons….C’est une aberration…Sans compter que ces gens sont souvent seuls dans leur voiture.
Malheureusement toute notre société fonctionne comme ca, on nous à longueur de journée de consommer écolo, mais avant de consommer écolo on peut déjà commencer à consommer moins.
Un commentaire plein d’engagements 🙂
Merci !
Pour moi il y a véritablement une crise.
Une crise c’est un peu comme la théorie de la sélection naturelle de Newton : les plus faibles “disparaissent”, et ceux qui arrivent à s’adapter ou résister survivent. Après la crise, la renaissance avec de nouvelles espèces qui naissent pour bâtir de nouvelles bases.
Pour moi, le secteur automobile est pleinement en train de vivre cela, sauf que de nombreux artifices (actions de sauvetage des Etats) cachent la réalité des choses.
Je pense que ce n’est pas parce qu’un ou quelques acteurs se portent bien qu’on n’a pas le droit de parler de crise.
Super article Jérôme ! Inutile de préciser que je rejoins à 100% ton point de vue.
Et il y a bel et bien crise dans l’automobile !! Je suis bien placé pour le savoir… En réalité, les constructeurs qui s’en sortent en ce moment se basent sur des produits qui ont une image exceptionnelle. Ce sont les Apple de l’automobile : les produits se vendent tous seuls ! Je pense à Audi ou VW, notamment, qui battent des records en ce moment.
Mais pour les autres, même Toyota, c’est difficile. Même si la demande asiatique compense pour le moment largement la stagnation de notre Vieux Continent ou des USA, il y aura un moment où les capacités de production seront beaucoup trop importantes par rapport à la demande.
Il y aura plusieurs facteurs, mais à mon avis, à la base de tout, ça sera la raréfaction des ressources naturelles et notamment du pétrole, qui rendra prohibitif l’achat et l’usage d’un véhicule.
Oui il ya une crise, mais je ne pense pas que ce soit la crise dont parle les médias.
C’est surtout cela que je voulais dire. C’est que la crise à en croire les médias et les politiques c’est de la faute de personne, c’est juste l’économie mondiale qui s’effondre. Je pense que la crise provient d’une part d’un management archaïque qui aujourd’hui ne fonctionne plus et bride la créativité de beaucoup. D’autre part d’un manque d’adaptation, d’un déni et d’un manque d’humilité de la part de beaucoup de dirigeants. Ca passait il y a encore quelques années mais aujourd’hui le système a changé et ces abus ne fonctionnent plus.
Mais la crise contrairement à ce que j’entends tous les jours, c’est bien nous qui l’avons provoquée.
@PE
Oui mais on voit bien que si des marques comme VW, Audi ou Mercedes ne connaissent pas la crise ce n’est pas que le fruit du hasard. S’ils ne connaissent pas la crise c’est bien parce qu’ils ont su construire une image de marque forte que les autres n’ont pas réussi à acquérir. Donc cela montre bien que la crise n’est pas pour tout le monde, mais pour ceux qui ne savent pas s’adapter et innover.