Le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants)… J’ai eu la chance de cotoyer de près cette belle association pour plusieurs raisons : le concours national de la performance globale 2011, l’édito du président du CJD pour mon livre sur l’entrepreneuriat, un voyage au Maroc, …
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je vous présente aujourd’hui la nouvelle vidéo de l’interview de Michel Meunier, le président du CJD France. Vous vous sentirez motivé à bloc pour entreprendre votre vie après cette vidéo.
Michel Meunier du CJD en vidéo sur YesYouDo
Le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) est la plus ancienne association patronale de France. Aujourd’hui nous avons l’honneur de vous présenter Michel Meunier, président du CJD France. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours en quelques mots ?
J’ai un parcours un peu atypique comme beaucoup d’entrepreneurs. Je quitte mes études à 18 ans. Je crée ma première entreprise à 19 ans, que je revends 15 ans plus tard à un groupe (230 emplois créés). Depuis j’ai créé deux sociétés : une société de formation, et une entreprise de sûreté aéroportuaire que je dirige toujours actuellement.
Que fait le CJD ?
Le Centre des Jeunes Dirigeants est le plus ancien mouvement patronal de France. Le CJD a 5 grands axes d’action :
- La réflexion en permettant au chef d’entreprise de sortir de son isolement et d’échanger avec d’autres dirigeants
- La formation avec plus de 80 000 heures de formation dispensées pour les chefs d’entreprise pour leur développement personnel notamment (les entrepreneurs sont souvent des autodidactes)
- L’expérimentation dans leur entreprise sur plusieurs sujets différents comme le développement durable, les ressources humaines, les relations sociales, tout ce qui touche au développement de leur entreprise
- L’influence par le biais du magazine des Jeunes Dirigeants (magazine papier) en influençant sur l’idée de la place du dirigeant dans la société (l’économie au service de l’Homme, et la RSE – l’économie au service de la Vie)
- Développer pour pérenniser avec divers ateliers comme des échanges avec d’autres CJD comme au Maroc (le CJD est présent dans 12 pays et permet de faciliter l’exportation et l’accompagnement des entrepreneurs)
Comment booster l’entrepreneuriat en France ?
Un sujet riche et passionnant car nous avons accompagné plus de 75000 entrepreneurs sur 74 ans. Et nous avons besoin de les accompagner sur ces 5 piliers que je viens d’évoquer surtout en période de crise. L’accompagnement le plus sensible aujourd’hui est l’accompagnement financier. En plus des 5 piliers du CJD, ce serait sur ce 6ème point que j’insisterais : l’accompagnement financier pour éviter à l’entrepreneur de devoir chercher quelques milliers d’euros dans son entourage ou dans sa famille pour pouvoir se lancer.
Toute personne peut-elle devenir entrepreneur ?
Toute personne peut devenir entrepreneur, au moins entrepreneur de sa vie en maîtrisant son destin. Faire ce que l’on a envie de faire, avec qui l’on a envie de faire. Si c’est le côté entreprise, business, c’est un peu plus difficile. Il faut avoir la fibre (je ne dis pas qu’il faut l’avoir dans l’ADN), mais ça dépend de ses moments de sa vie. Avant 1969, le CJD s’appelait le Centre des Jeunes Patrons. Aujourd’hui, 25% de nos adhérents sont des cadres dirigeants. Ce qui est intéressant, c’est qu’on se rend compte que malgré le confort et la sécurité du cadre dirigeant, à un moment de sa vie, il décide de se lancer lui aussi dans la création d’entreprise. C’est une liberté extrême car il n’y a rien de plus beau qu’entreprendre et entreprendre sa vie, c’est magique. C’est par envie de cette liberté qu’ils se lancent dans la création d’entreprise. Pour entreprendre il faut avoir cette envie. Mais malheureusement, les cursus scolaires (collège, lycée, université) , ne sont pas calibrés pour accompagner les gens à devenir entrepreneur, ni entrepreneur de leur vie et encore moins créateur d’entreprise.
Si on veut que tout le monde puisse entreprendre, il y a un vrai travail à faire. C’est ce que fait le CJD avec Entreprendre pour Apprendre en créant 600 mini-entreprises en collèges et lycées. C’est ce que l’on fait avec d’autres réseaux pour permettre aux jeunes de découvrir ce qu’est un entrepreneur, pour qu’ils puissent eux aussi créer de la richesse demain, et notre pays en a bien besoin.
Quelles sont les 3 qualités d’un bon entrepreneur ?
- Anticiper
- Anticiper
- Anticiper
Dans ces périodes de crises, de difficultés pour beaucoup de chefs d’entreprise, il y a un besoin de plus en plus important de compréhension du contexte, qu’il soit macro ou micro, français, européen ou mondial. Il faut muter pour faire évoluer le système. Je pense que l’anticipation, la prise de recul, la capacité à se mettre en haut de la montagne, parfois même avoir la tête dans les étoiles permet de mieux avoir les pieds dans la glaise. Cette prise de recul permet l’innovation qui n’est pas uniquement technologique. Elle permet aussi d’avoir une vision, une stratégie qui aide à faire la différence avec les concurrents en adoptant un point de vue différent du contexte.
Peut-on mener une politique ou stratégie développement durable dans son entreprise en période de crise ?
Je ne dirais pas qu’on peut mener, mais qu’on doit mener. On doit mener des politiques de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et de développement durable car cela fait partie des nécessités de demain. On n’a pas encore pris conscience (hormis avec la norme ISO 26000) que l’on vit dans un monde fini avec des ressources finies. Nous devons intégrer cette finitude de la planète dans nos politiques et dans nos stratégies. Cela ne doit pas être un département RSE ou DD (Développement Durable) dans une entreprise. Ça doit être intégré dans la stratégie de l’entreprise, et on doit accompagner les chefs d’entreprise à changer, à muter, pour aller vers des modèles économiques nouveaux. Les modèles économiques du 20ème siècle sont dépassés. On ne peut plus produire, vendre et jeter. Il faudra aller vers des modèles d’économies circulaires, d’économies de fonctionnalités. Comme l’a fait Michelin en ne vendant plus de pneus mais en les louant au kilomètre, et d’être systématiquement propriétaire de la ressource et de manière infinie. C’est pour cela que l’on doit faire du développement durable, si nous voulons que nos petits enfants vivent dans un air respirable et avec des ressources. Il est nécessaire que les chefs d’entreprises entament une démarche que l’on appelle au CJD la Performance Globale, avec les performances :
- économique
- sociale (en interne, le bien-être des femmes et des hommes dans l’entreprise)
- sociétale (la performance de l’entreprise sur son territoire avec ses parties prenantes)
- environnementale (comment j’évite de dégrader, et si je dégrade, comment je compense)
La vie d’un entrepreneur n’est pas toujours évidente. Comment concilier vie pro et vie perso ?
Vaste sujet ! Et pour les membres du CJD, je rajouterais une troisième vie qui est leur engagement militant. On peut rajouter cette vie la qui est forte, intense et nécessaire à ce doux équilibre. Et comme tout équilibre, il faut doser. Et moi en 20 ans je n’ai toujours pas trouvé la solution. Et selon le moment de sa vie, on va accorder plus d’importance à sa vie professionnelle ou personnelle ou de militant. Et cela bouge au fil du temps. Ce qu’il ne faut pas faire c’est ne pas consacrer assez de temps à son entreprise, à son engagement militant si c’est quelque chose d’intrinsèque (qui est au plus profond de nous et qui vous donne de l’énergie au quotidien), ou à sa famille au risque de la perdre. C’est à mon avis la question la plus importante dans un monde de plus en plus rapide, toujours plus digital et connecté. Cela complexifie encore plus cet équilibre car on est 24h/24h connecté et on a de plus en plus de mal à couper. C’est une très bonne question mais je suis désolé, je n’ai pas la réponse. C’est à chacun de trouver la réponse qui lui va.
Si nous n’avions qu’un conseil à suivre pour réussir, quel serait-il ?
Il faut s’appuyer sur des certitudes pour avancer. Cela permet d’avoir des bases solides. Mais également conserver beaucoup de doutes pour progresser, pour pouvoir se remettre en question et continuer d’évoluer. Avoir ce doute permet d’avoir un niveau de vigilance personnel car rien n’est jamais acquis, on peut toujours tout perdre.
Quel est ton rêve par rapport au CJD ?
Mon rêve serait que les 3 millions d’entrepreneurs en France puissent trouver un mouvement extra-ordinaire comme le CJD, dans lequel on puisse leur offrir tout ce qu’on leur offre au CJD :
– la capacité à échanger
– la capacité à sortir de l’isolement
– la capiacité à grandir
– la capacité à partager des valeurs
– la capacité à avoir une vision différente de l’entreprise dans la société
Car j’espère que les gens comprendrons que l’entreprise sert l’intérêt général et ne sert pas l’intérêt particulier, que c’est un élément qui sert la société.
Je pense que si tous les entrepreneurs français pouvaient profiter de tout cela, alors je pense que notre société serait un peu plus belle.
Un dernier mot ?
J’aime le CJD, j’aime les entreprises et j’aime les entrepreneurs.
Merci beaucoup à Michel et au CJD pour cette interview