“Tu te fais suivre ?”.
Voici une phrase souvent redoutée lorsque l’on aimerait consulter un psychologue. Cependant, se faire suivre par un “psy” n’est pas encore entré dans les moeurs. Afin de démocratiser tout cela, Yoann Hervouet, co-fonda les sites TonPsy.fr et TonPsy.com afin de pouvoir profiter d’une consultation psychologique à distance, par webcam.
“TonPsy est un site de consultation psychologique en vidéo, par webcam. Concrètement, avec ce site, on n’a plus besoin de se déplacer chez son psychologue / psychanalyste : on reste chez soi bien au chaud sous la couette et on confie ses problèmes à un vieux barbichu compréhensif et plein d’humanité, une tasse de thé entre les mains, en écoutant le bruit de la pluie qui tambourine sur le toit. Ça laisse songeur, n’est-ce pas ?”
Vous allez commencer le récit de votre aventure entrepreneuriale. Si vous deviez le publier, quel serait le titre de l’ouvrage ?
“Songe d’une nuit tout court”. Pas parce que je suis fan de Shakespeare, mais parce que je travaille essentiellement la nuit. J’ai toujours été un vespéral, repoussant le moment d’aller me coucher. Je crois que c’est assez symptomatique du travail d’indépendant sur Internet en général : pas besoin de pointer au bureau le matin si l’on n’en a pas envie. Du coup, on repousse ses limites et si on est plus performant la nuit, on en profite !
Racontez-nous une anecdote qui vous a amené à entreprendre
J’ai toujours voulu faire les choses différemment. C’est d’ailleurs plus un besoin profond qu’une lubie, qu’une simple envie. Je me suis toujours demandé “pourquoi fait-on les choses ainsi et pas autrement ?”. Et si nous étions simplement écrasés par le poids de la Tradition, qui restreint notre liberté sans que nous en ayons conscience ? Je cite souvent le théorème du singe à cet effet.
Petit je posais systématiquement des questions (“Dis pôpa, pourquoi le moteur est à l’avant de la voiture ?” etc.), pas par simple curiosité mais parce que j’avais envie de pouvoir dire : “ahah donc on fait ça par convention et pas par choix réfléchi !”
Globalement, j’ai toujours regorgé d’idées. Je voulais notamment lancer un site permettant de “raconter ses petits malheurs en ligne” et j’avais commencé à développer un site sur ce concept, 1 an avant que Viedemerde.fr ne voie le jour. Mais bon, je n’avais pas les moyens techniques d’aller aussi vite qu’eux.
Une aventure n’est pas sans péripéties et rebondissements. Quels ont été les difficultés ou problèmes auxquels vous avez fait face ?
Développer TonPsy sans apports financiers majeurs a été clairement dommageable, car qui dit absence de fonds dit publicité limitée. Il aurait certainement été plus confortable de recevoir l’aide d’un financier joufflu et bedonnant, pour cracher les dollars. L’autre avantage, c’est que de temps à autre, il aurait lâché deux ou trois “Go get it son” encourageants, les yeux pétillants de malice, entre deux bouffées de cigare.
Quelles décisions avez-vous prises ? Comment avez-vous résolu ces problèmes ?
Nous avons la chance d’avoir une équipe polyvalente, nous avons donc pu réaliser 99% des tâches (création de la plateforme, travail sur l’ergonomie du site, référencement naturel …) en interne, sans sous-traiter. Evidemment, à défaut de demander un compte en banque bien garni, cela demande un investissement en temps conséquent.
Concernant la communication, nous avons lancé quelques dispositifs de marketing viral pour drainer un maximum de trafic avec peu de moyens. Sans masse critique de départ, c’est toujours un peu hasardeux, mais nous comptons bien ressusciter ces stratégies une fois que TonPsy sera mondialement connu… A ce moment-là, les gens crieront notre nom dans la rue, se feront tatouer des “I love TonPsy” sur la fesse gauche, iront en “weekend-thérapie” plutôt que d’aller au ski ou à la plage, et les psys seront adulés comme des rock stars et poursuivis par des cohortes de fans hystériques. Les vendeurs de lunettes cerclées de noir, de calepins et de fausses barbes seront richissimes, et les effigies de Jésus seront remplacées par des petits Freud dans les églises.
Et maintenant, êtes-vous accompli ? Qu’est ce qui vous épanouit aujourd’hui dans votre aventure entrepreneuriale ?
Le bébé TonPsy a 1 an. Il commence à peine à marcher (“tituber dans les couloirs du Web, avec des couches culottes en version bêta” serait plus approprié). Je suis heureux de voir que nous gagnons petit à petit en popularité et en légitimité. Notre objectif : que la psychologie par webcam, et la psychologie en général, entre dans les mœurs.
Quels sont les 3 éléments indispensables aujourd’hui pour vous pour entreprendre ?
De la persévérance
“I have not yet begun to fight” – John Paul Jones
La persévérance, ça ne se trouve pas dans les paquets de céréales. Ca se construit au fil du temps. Il est rare qu’une startup dégage des bénéfices substantiels à moins de 2 ans d’existence ; pendant ce temps-là, il faut continuer de croire à son projet et ne pas baisser les bras ! (et continuer d’acheter des paquets de céréales, on ne sait jamais :-P)
Des qualités humaines
Le savoir-être est aussi important que le savoir-faire, et le réseau est certainement la plus puissante des armes à votre disposition.
Ne soyez pas agréable “en apparence” seulement, parce que c’est important pour réussir : devenez-le, fondamentalement. Transformez-vous intérieurement et vous verrez que les choses positives viendront à vous naturellement.
Bien s’entourer
Faites comme Charlie : sachez bien vous entourer.
Même si vous vous appelez Léonard de Vinci, même si vous êtes extrêmement talentueux, vous ne pouvez pas tout faire tout seul. Vous avez besoin d’une équipe… Solidarité organique oblige !
Si vous n’aviez qu’un seul conseil à retenir de votre aventure entrepreneuriale, lequel serait-il ?
Continuez votre projet jusqu’au bout, tel “le Chevalier Noir” des Monty Python. On vous coupe un bras ? Continuez. On vous coupe les 2 jambes ? Pô grave. Il ne vous reste plus que le tronc pour vous battre ? Pff, c’est seulement une blessure de rien du tout, vous n’allez quand même pas arrêter alors que vous êtes en train de gagner le combat quand même ?
Yoann Hervouet